Les animaux ont des sentiments .. Les accepter nous rend plus humains

Marwa Mourad Mardi 02 Mars 2021-12:12:41 Chronique et Analyse
Les chiens sont parfois plus doués qu’un être humain
Les chiens sont parfois plus doués qu’un être humain

Ils connaissent la joie, l’amour, le deuil, font preuve d’altruisme…Il est prouvé que les animaux ressentent les mêmes émotions primaires que nous. Les animaux se font la cour, s’aiment, s’occupent de leur progéniture, construisent des habitats pour s’abriter, se querellent : ils vivent exactement comme nous, mais différemment. Seule la haine de soi et les comportements autodestructeurs semblent réservés aux humains.

 

 

 

Un animal peut-il réellement exprimer des sentiments si humains ? Comment percevoir la vision du monde d’un loup, d’un éléphant ou d’une souris ? S’ils ne peuvent pas nous dire à quoi ils pensent, leurs cerveaux peuvent le montrer, grâce aux scanners. Et ces instruments prouvent qu’ils vivent les mêmes émotions primaires (tristesse, bonheur, colère, crainte) que nous. Il est désormais avéré que des mécanismes neuronaux similaires aux nôtres sont à l’œuvre également chez des créatures aussi peu familières que les vers ou les écrevisses. En fait, les humains éprouvent des émotions animales et les animaux ressentent des émotions humaines.

 

Les éléphants connaissent la joie et le deuil

Les animaux éprouvent de la joie : ils sont heureux quand ils sont en famille, quand ils sont en compagnie de leurs amis, quand ils ont à boire et à manger en abondance. Ils ont les mêmes motifs de réjouissance que nous. Ils savent qui ils sont, qui sont les autres autour d’eux, qui est la mère de ce bébé. Les mères éléphants sont très zen avec leurs petits, les jeunes respectent les aînés. Les éléphants font la tête parfois quand le temps est trop sec. Ils comprennent qui est le compagnon de leur soigneuse, qui est le chef dans une équipe, ils saisissent les hiérarchies humaines.

Si l’un des leurs est malade, ils le veillent, s’il meurt, ils sont affligés. Ils savent ce qu’est un deuil. Et peuvent même le ressentir pour un humain.Nous ignorons de quoi est faite la tristesse d’un éléphant, mais nous constatons qu’il l’éprouve. L’erreur serait d’imaginer qu’il la ressent exactement comme un humain.

 

Les dauphins ont le sens des affaires

Ces dauphins ont appris à participer au nettoyage de leur bassin en échangeant contre des poissons les déchets trouvés dedans– en particulier les bouts de cartons ou de papier apportés par le vent –. Kelly, un dauphin femelle avait compris qu’elle obtenait un poisson de grosseur identique quelle que soit la taille du morceau de papier qu’elle remettait aux soigneurs. Elle a donc entrepris de cacher sous un poids, au fond du bassin, tous les papiers apportés par le vent. Quand un dresseur passait, elle en arrachait un morceau qu’elle échangeait contre un poisson. Plus tard, elle en arrachait un nouveau bout et obtenait encore un poisson. Elle assurait ainsi son approvisionnement régulier en nourriture. Puis, elle est passée à l’étape supérieure. Elle avait remarqué que les humains semblaient beaucoup apprécier les oiseaux marins tombés accidentellement dans son bassin : ils les lui échangeaient contre plusieurs poissons. Elle a donc conçu un plan. Lors d’un repas, elle a gardé son dernier poisson et l’a caché. Puis, s’en est servi pour appâter un grand nombre de mouettes – qu’elle a échangées contre un nombre conséquent de poissons. Elle a appris le truc à son petit qui l’a appris à d’autres petits, et tous les dauphins du coin sont devenus d’habiles appâteurs de mouettes.

Les dauphins font parfois avec les humains des choses qu’ils ne font jamais entre eux. Sur Youtube, une vidéo montre un dauphin blessé par une ligne de pêche demandant à un plongeur de l’en délivrer. Plus curieux encore : Elian Gonzalès, un enfant cubain tombé à l’eau lors d’un naufrage, rapporte que des dauphins l’ont assisté et l’ont empêché de se noyer. Chaque fois qu’il était à bout de forces et commençait à lâcher prise, ils le repoussaient sur le boudin qui lui avait servi de bouée de sauvetage. Ses sauveteurs ont confirmé la présence des dauphins près de lui.

 

Les orques sont télépathes

Les orques, appelées aussi baleines tueuses, sont capables de dévorer des phoques d’une façon épouvantable. Enfermées dans des bassins exigus, prisonnières de parcs aquatiques, elles développent des maladies mentales qui les rendent folles et potentiellement agressives. D’où des drames ayant abouti à la mort de plusieurs soigneurs. Pourtant dans leur milieu naturel, ces énormes créatures marines n’attaquent pas les humains. Elles semblent même très désireuses de copiner et sont capables d’acte de bonté pure,. Elles seraient même expertes dans l’art de guider des navigateurs qu’elles connaissent et apprécient, quand ils sont totalement perdus.

Alexandra Morton, une scientifique travaillant avec ces animaux, a expérimenté cette situation : les orques dont elle s’occupait lui ont sauvé la vie. Voguant sur une embarcation légère en plein brouillard, elle risquait de se perdre en haute mer. Les orques sont alors venues, se sont regroupées autour du bateau et elle les a suivies. Vingt minutes plus tard apparaissaient les contours familiers de la côte. Dès qu’elle a été en sécurité, elles sont parties. « Je suis incapable d’expliquer ce qui s’est passé ce jour-là. Je n’irai pas jusqu’à dire que les orques sont télépathes. Mais je ne peux qu’éprouver de la gratitude et un profond sentiment de mystère qui continue à grandir ».

La plupart des scientifiques et des dresseurs qui fréquentent les orques ont constaté qu’elles semblaient capables de lire dans les pensées.Comment appréhender ce mystère ? Voici la réponse de Carl Safina : « Nous utilisons régulièrement des récepteurs radio pour écouter de la musique et des conversations émises loin de nous. Il s’agit d’une sorte de télépathie technologique. Or le cerveau est beaucoup plus complexe que les radios et les ordinateurs. Peut-être celui des orques a-t-il développé, au fil du temps, la capacité de déceler des ondes cérébrales qui véhiculeraient nos besoins et sentiments ».

 

La conscience des guêpes

Pour savoir si un animal possède une conscience de son être, une conscience de soi, les scientifiques utilisent le test dit « du miroir », mis au point dans les années 70 par le psychologue Gordon Gallup. Les grands singes, les éléphants, les dauphins, reconnaissent leur image dans le fameux miroir. Les autres espèces sont-elles dépourvues de conscience de soi ? Pour le savoir, il faudrait recourir à une autre méthode d’expérimentation. Car, sans la compréhension de ce qu’est un reflet dans une glace, c’est l’échec assuré au test. Mais il serait fou de prétendre que les animaux sont privés de conscience. Certaines guêpes reconnaissent ainsi les visages familiers - aptitude que l’on croyait réservée à une petite élite de mammifères.

 

Les chiens sont parfois plus doués qu’un être humain

Quand nous parlons de conscience, d’intelligence, nous parlons de la nôtre. Et encore : nous parlons d’une intelligence basée sur le QI, sur le raisonnement logique ou, à la rigueur, d’intelligence émotionnelle. Nous laissons de côté celle des musiciens, des danseurs, des sportifs d’exception. Nous nous considérons comme la mesure de toute chose. Nous jugeons le reste des créatures à l’aune de nos propres critères. Or, nous nageons moins bien que les dauphins, courrons moins vite que les jaguars, et il nous faut un avion pour voler.

Qu’est-ce que l’intelligence ? Est-ce être perspicace, savoir s’adapter, résoudre des problèmes? De Picasso à Einstein, qui est le plus intelligent ? Un chien est plus doué qu’un médecin pour sentir approcher une crise d’épilepsie chez une personne. Avec son minuscule cerveau, une abeille est capable de mettre au point un langage dansé très élaboré, diffusant de multiples informations. L’intelligence humaine n’est que l’amélioration de propriétés perceptibles chez les primates non humains. Les différents types de cellules nerveuses, les connexions cérébrales sont, pour l’essentiel, identiques chez tous les êtres. Les cerveaux des différences espèces privilégient des facultés différentes, voilà tout. 

 

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